La justice groenlandaise a décidé jeudi du maintien en détention jusqu’au 5 septembre de Paul Watson, dont le Japon demande l’extradition dans une affaire liée à son combat pour la défense des baleines. Ce maintien en détention “accroît la pression sur le Japon”, a dit à l’AFP le militant écologiste américano-canadien à sa sortie du tribunal avant de monter dans une camionnette de la police.
Arrêté le 21 juillet au Groenland et emprisonné depuis, le militant écologiste américano-canadien Paul Watson, dont le Japon demande l’extradition, a été présenté à un juge jeudi 15 août à Nuuk, la capitale du territoire autonome danois.
Le tribunal de Nuuk a décidé de son maintien en détention jusqu’au 5 septembre. “Le tribunal du Groenland a décidé aujourd’hui (jeudi) que Paul Watson sera maintenu en détention jusqu’au 5 septembre 2024 afin de garantir sa présence au moment de la décision d’extradition”, dont la date n’a pas été rendue publique, a annoncé la police dans un communiqué.
Ce maintien en détention “accroît la pression sur le Japon pour ses activités illégales de chasse à la baleine”, a dit à l’AFP Paul Watson à la sortie du tribunal de Nuuk avant de monter dans une camionnette de la police.
“La demande d’extradition (…) est fondée sur des faits entièrement faux”, a dit plus tôt à l’AFP Julie Stage, une avocate de Paul Watson. La défense du militant de 73 ans, fondateur de Sea Shepherd et de la fondation qui porte son nom, estime disproportionné son maintien en détention.
Paul Watson, qui vit en France depuis plus d’un an, a été appréhendé sur son navire, le John Paul DeJoria, alors qu’il venait d’accoster à Nuuk. Le bateau venait se ravitailler en carburant en vue “d’intercepter” le nouveau navire-usine baleinier du Japon dans le Pacifique Nord, selon la Fondation du capitaine Paul Watson (CPWF).
L’arrestation s’est faite sur la base d’une notice rouge d’Interpol émise en 2012, lorsque le Japon l’a accusé d’être co-responsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd.
Bombe puante
Dès 2010, un Néo-Zélandais, Peter Bethune, avait été condamné dans cette affaire à deux ans de prison avec sursis.
Tout comme l’avait été Peter Bethune, Paul Watson est accusé d’avoir blessé au visage un marin japonais en jetant une bombe puante – de l’acide butyrique – pour entraver le travail des baleiniers.
“Nous disposons d’une vidéo qui prouve que le membre d’équipage qui, selon les autorités japonaises, a été blessé, n’était même pas présent lorsque la bombe puante a été lancée” à bord, a affirmé l’avocate, qui a épluché les épisodes de la série documentaire “Justiciers des mers”, sur les actions de Sea Shepherd.
Selon elle, le marin ne peut avoir été blessé qu’à cause du spray utilisé en direction des activistes par l’équipage qui, au moment du lancement de la boule puante, avait quitté le pont.
Pour la défense, “ces vidéos montrent que le Japon invente des faits pour obtenir l’extradition et la condamnation” de Paul Watson, a souligné Julie Stage, dénonçant un nouveau gage de la faillibilité du système judiciaire nippon.
“Présomption de culpabilité”
Cette affaire “est une question de vengeance de la part du système juridique japonais et des autorités japonaises”, a estimé un autre avocat de Paul Watson, François Zimeray.
Ce spécialiste des droits humains affirme qu’au “Japon, il existe une présomption de culpabilité”. “Les procureurs sont fiers d’annoncer qu’ils ont un taux de condamnation de 99,6 %”, a-t-il déploré.
Les soutiens de Paul Watson veulent absolument éviter son extradition. “S’il est extradé au Japon, il n’en ressortira pas vivant”, a dit la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali.
L’arrestation et la détention du militant écologiste ont suscité une vaste mobilisation à travers le monde. En France, une pétition demandant sa libération rassemble jusqu’à présent plus de 723 500 signatures.
La présidence française a demandé aux autorités danoises de ne pas l’extrader.