L’organisation japonaise Nihon Hidankyo a été désignée, vendredi 11 octobre, récipiendaire du prix Nobel de la paix 2024 décerné à l’Institut Nobel d’Oslo. Le mouvement, qui rassemble les survivants des bombes nucléaires larguées par les Etats-Unis à Hiroshima et Nagasaki, en 1945, a été récompensé pour ses actions visant à témoigner « du fait que les armes nucléaires ne doivent plus jamais être utilisée ». « Il est très inquiétant qu’aujourd’hui le tabou de l’utilisation des armes nucléaires soit sous pression », écrit aussi le comité dans le communiqué de presse relayant l’annonce.
« On a dit que, grâce aux armements nucléaires, la paix serait maintenue à travers le monde. Mais les armes nucléaires peuvent être utilisées par des terroristes. Et, par exemple, si la Russie les utilise contre l’Ukraine, et Israël contre Gaza, cela ne s’arrêtera pas là. Les dirigeants politiques doivent en avoir conscience », a déclaré à la presse Toshiyuki Mimaki, coresponsable de Nihon Hidankyo.
La récompense a été attribuée dans un contexte de litanie de crises : guerres en Ukraine et au Proche-Orient, famine au Soudan ou encore péril climatique omniprésent. Selon l’Uppsala Conflict Data Program, la planète comptait 59 conflits armés en 2023, soit près du double de leur nombre en 2009. Si certains experts y voient une raison de ne pas décerner de prix de la paix cette année comme cela a été fait à 19 reprises dans son histoire, le comité Nobel norvégien estime qu’un tel contexte rend au contraire son attribution « peut-être plus importante que jamais ».
« C’est difficile d’être optimiste quand on regarde autour de soi dans le monde aujourd’hui. Les forces de paix ne semblent pas à l’offensive », avait affirmé le secrétaire du comité Nobel, Olav Njølstad, avant son attribution, à l’Agence France-Presse. « Mais (…) il y a indéniablement des personnes et des organisations qui font un excellent travail », a-t-il souligné.
L’an dernier, la récipiendaire du Nobel de la paix était la militante iranienne Narges Mohammadi, emprisonnée dans son pays, pour son combat contre le voile obligatoire pour les femmes et contre la peine de mort.
Cette année, le prix de médecine a été décerné aux Américains Victor Ambros et Gary Ruvkun pour leur découverte des microARN, nouvelle classe de molécule ARN minuscule, celui de physique a récompensé le Britanno-canadien Geoffrey Hinton et l’Américain John Hopfield qui, tout en travaillant sur l’« apprentissage automatique » crucial pour le développement de l’IA, sonnent l’alarme sur cette technologie susceptible de devenir incontrôlable, selon eux.
Le Nobel de chimie a été attribué à l’Américain David Baker et à un duo formé par un autre Américain, John Jumper, et le Britannique Demis Hassabis pour avoir percé les secrets des protéines, en s’appuyant sur l’IA et l’informatique.
Seule présence féminine et non-occidentale jusqu’à présent, l’autrice sud-coréenne Han Kang s’est vue décerner le Nobel de littérature. Quant au prix d’économie, ajouté en 1969 aux Nobel d’origine, il fermera le bal lundi 14 octobre.