Une source proche de l’équipe de transition du président élu a confié au Washington Post que Donald Trump allait charger son nouveau ministère de la Justice d’enquêter sur les fraudes qu’il dénonce depuis sa défaite à l’élection de 2020. Le milliardaire américain prévoirait d’ailleurs de renouveler les équipes du procureur spécial Jack Smith, qui était notamment chargé d’enquêter sur la tentative du candidat républicain de contester les résultats de la dernière présidentielle. D’après le New York Times, ce dernier pourrait anticiper l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et démissionner avant sa prise de fonction officielle.
Depuis sa défaite face à Joe Biden il y a quatre ans, Donald Trump n’en démord pas : son adversaire l’a emporté grâce à des fraudes massives orchestrées dans les États-clés. Il a ensuite missionné le ministère de la Justice contre lui pour des raisons politiques, affirme-t-il régulièrement. De retour au pouvoir, le président élu républicain pourrait vouloir prouver ces allégations, qu’il n’a jamais étayées par des éléments tangibles. Il va en tout cas vraisemblablement faire le ménage au département de la Justice.
«Se débarrasser des gens qui s’en sont pris à lui»
Outre les sources anonymes du Washington Post, c’est d’ailleurs ce qu’a laissé entendre Karoline Leavitt, l’une de ses porte-parole. «Le président Trump a fait campagne sur le licenciement des bureaucrates voyous qui ont participé à l’instrumentalisation illégale de notre système judiciaire américain, et le peuple américain peut s’attendre à ce qu’il tienne cette promesse», a-t-elle indiqué dans un communiqué. «L’une des nombreuses raisons pour lesquelles le président Trump a remporté l’élection avec une écrasante majorité est que les Américains en ont assez de voir leurs impôts dépensés pour cibler les ennemis politiques de l’administration Biden-Harris plutôt que pour s’attaquer aux vrais criminels violents dans nos rues», a-t-elle ajouté.
En revanche, la porte-parole a tenu à démentir les affirmations des deux sources anonymes du Washington Post. «Le président Trump et son équipe de transition parlent en leur nom, et des sources anonymes n’ont aucune idée de ce dont elles parlent», a-t-elle tranché.
En nommant Pam Bondi au département de la Justice, après le désistement de son premier choix Matt Gaetz, Donald Trump a déploré que, «pendant trop longtemps, ce ministère partisan ait été utilisé comme arme contre (lui) et d’autres républicains». Il a aussi indiqué que Pam Bondi allait «recentrer le ministère sur son objectif initial, à savoir lutter contre la criminalité et rendre l’Amérique à nouveau sûre».
Des accusations de fraudes sans preuve
Depuis sa défaite en 2020, Donald Trump et ses alliés ont lancé plusieurs accusations contre la légalité du scrutin. Ils affirment notamment, sans avoir jamais apporté le moindre élément de preuve, que les voix d’étrangers, de résidents d’un autre État ou même de personnes décédées ont été comptabilisées en faveur de Joe Biden dans les États-clés, qui se sont joués à quelques milliers de votes près. Le président élu et ses partisans ont aussi estimé à plusieurs reprises que les règles électorales avaient été modifiées avec la pandémie de Covid-19 et que certains observateurs du parti républicain avaient été empêchés de surveiller le vote et son décompte.
En septembre, deux mois à peine avant sa réélection, Donald Trump avertissait encore sur son réseau social Truth Social que les responsables de cette «tricherie généralisée» seraient «poursuivis avec toute la force de la loi, qui inclura des peines de prison de longue durée». «Attention, cet avertissement légal s’appliquera aux avocats, aux agents politiques, aux donateurs, aux électeurs illégaux et aux responsables électoraux corrompus», avait-il écrit. «Ceux qui se livrent à des comportements sans scrupule seront recherchés, arrêtés et poursuivis à des niveaux, malheureusement, jamais vus auparavant dans notre pays.»