
Le retour de Finlay Salesse à la tête de la rédaction marque un tournant, avec une volonté affirmée de redonner à la radio son prestige en matière d’information.
Qu’est-ce que cela représente pour vous de prendre la direction de l’information à Radio One ?
J’ai passé l’âge des émotions juvéniles. Mais ça me flatte que la direction et le Conseil d’Administration de Viva Voce aient fait appel à moi (au moins pour une année) pour être le Directeur de l’Information de Radio One, afin que je puisse apporter à la Rédaction de Radio One toute mon expérience de 50 ans, quand même.
Vous avez déjà occupé le poste de Directeur et de rédacteur en chef par le passé. Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui par rapport à vos précédentes expériences ?
D’abord le temps, les nouvelles technologies, une nouvelle culture de la jeune génération de journalistes. Inutile de vous dire que ce qui me choque avec cette nouvelle génération, c’est souvent son manque de curiosité, son absence de passion, mais surtout son inculture. Google ne peut pas tout compenser et ChatGPT ne donne pas un style qui, selon Buffon, fait l’homme.
Quelle sera votre ligne directrice pour Radio One en termes d’information ?
Une seule ligne : celle d’être au service de l’information pure et dure, sans aucune tutelle, avec une grande ouverture pour permettre à toutes les sensibilités de s’exprimer. Elle sera doublée d’une ligne éditoriale tributaire des valeurs qui furent les miennes quand j’occupais ce poste et qui le sont toujours.
Au sein d’une rédaction, chaque journaliste ne peut faire sa propre radio. C’est favoriser l’anarchie, rendre inaudible son message et, à terme, sombrer dans la médiocrité.
Avez-vous des projets spécifiques ou des changements que vous souhaitez apporter ?
Mon projet, c’est de redonner à Radio One la place qui fut la sienne en termes d’information et de qualité, pour satisfaire tous les goûts. Bref, proposer des journaux originaux et mettre un terme à cette pratique courante qui a réduit des journalistes au rôle de porteurs de micros.
Je ne peux vous répondre sur des projets spécifiques pour des raisons que vous devinez. Je ne suis pas payé par les autres médias.
Comment envisagez-vous de renforcer la place de Radio One dans le paysage médiatique mauricien ?
Au niveau de la rédaction, si je bénéficie de tous les moyens qu’on m’a promis (avec la nomination d’un rédacteur en chef), c’est d’offrir des produits de qualité.
Je suis à la tâche depuis le mois de janvier. On me dit qu’il y a déjà un frisson de changement. Je n’ai aucun mérite. Ce n’est pas difficile de faire mieux.
Comment comptez-vous adapter l’information à une audience qui consomme de plus en plus les médias sur différentes plateformes ?
Je ne suis pas un obsédé de l’audimat. À ceux qui consomment de pseudo-infos sur les différentes plateformes par des spécialistes de fake news, pour les attirer, on n’a qu’à leur donner des infos différentes, mais de qualité.
Qu’est-ce qui vous motive encore aujourd’hui après toutes ces années dans le journalisme ?
Si vous avez lu Cervantes, vous saurez que, comme Don Quixote, il est bon de se battre contre les moulins à vent ou encore de faire comme Sisyphe, pousser son rocher jusqu’au sommet de la montagne, même si ce rocher retombe dans la vallée.
Si Camus a imaginé Sisyphe heureux, je peux l’être aussi… même si la tâche est impossible…
D’une manière plus simple, il est bon de savoir qu’on peut encore être utile.
Quel message souhaitez-vous adresser aux auditeurs et aux équipes de Radio One avec votre retour à ce poste ?
Il est évident qu’un Directeur de l’Information a l’ambition de laisser des traces. J’ai déjà laissé les miennes dans la presse écrite et, depuis ces 22 années au sein de Radio One.
Il ne me reste plus qu’à creuser plus profondément ces sillons pour permettre à ceux qui le voudraient de les suivre et de ne pas se perdre. Encore moins leurs âmes.