
La Marine israélienne a intercepté et dérouté lundi le bateau Madleen – à bord duquel se trouvent notamment l’activiste suédoise Greta Thunberg et l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan – qui tentait de rallier Gaza avec de l’aide humanitaire. Israël a précisé que les passagers vont “retourner dans leurs pays”. Paris veut, pour sa part, s’assurer du “retour rapide” des six ressortissants français.
L’ordre d’Israël a été mis à exécution. Le bateau humanitaire Madleen qui tentait de rallier Gaza a été dérouté dans la nuit de dimanche 8 à lundi 9 juin par les autorités israéliennes, qui ont invité ses passagers à “retourner dans leurs pays”.
Le voilier avec à son bord douze militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, était parti d’Italie le 1er juin pour “briser le blocus israélien” de Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse. Outre la militante écologiste Greta Thunberg, il transporte aussi l’eurodéputée franco-palestinienne de gauche Rima Hassan.
Au cours de la nuit, la Coalition de la flottille pour la liberté, qui avait affrété le bateau, a indiqué sur Telegram avoir perdu la liaison avec le voilier qui a été “arraisonné” selon elle par l’armée israélienne.
“Si vous voyez cette vidéo, nous avons été interceptés et kidnappés dans les eaux internationales”, a déclaré Greta Thunberg dans une vidéo préenregistrée partagée par la Coalition de la flottille pour la liberté.
Celle-ci a dénoncé une “violation manifeste des lois internationales”, assurant que l’arraisonnement s’était déroulé dans les eaux internationales. Israël n’a pas précisé à quel endroit le voilier avait été intercepté.
La Coalition de la flottille pour la liberté, lancée en 2010, est un mouvement international non violent de soutien aux Palestiniens, combinant aide humanitaire et protestation politique contre le blocus de Gaza.
Une intervention condamnée par l’Iran et la Turquie
Ennemi juré d’Israël, l’Iran a condamné comme un acte de “piraterie” l’interception du bateau. La Turquie a dénoncé une “attaque odieuse” et une “violation flagrante du droit international”.
Et Paris a dit vouloir “faciliter” le “retour rapide en France” des six ressortissants qui se trouvant à bord du bateau. Antoine Léaument, député de La France insoumis (LFI), a posté la liste des passagers français.
Le navire a été dérouté vers le port d’Ashdod, grand port commercial du sud d’Israël non loin de Gaza, où les passagers doivent être débarqués, a indiqué le ministère israélien de la Défense.
“Il est prévu que les passagers retournent dans leurs pays”, a indiqué pour sa part le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Il a publié des images montrant une distribution de sandwiches et d’eau aux passagers du bateau, équipés de gilets de sauvetage.
Après avoir atteint la côte égyptienne, le bateau s’était approché de Gaza en dépit des mises en garde d’Israël, qui avait donné l’ordre à son armée de l’en empêcher. Les militants avaient appelé sur le réseau social X leurs gouvernements à les protéger.
Un ministre israélien dénonce une “provocation médiatique”
Le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu a accusé lundi “Greta Thunberg et les autres (d’avoir) essayé de mettre en scène une provocation médiatique dans le seul but de se faire de la publicité”.
“L’État d’Israël ne permettra à personne de briser le blocus maritime de Gaza, dont l’objectif principal est d’empêcher le transfert d’armes au Hamas, une organisation terroriste meurtrière qui détient nos otages et commet des crimes de guerre”, a averti dimanche le ministre de la Défense, Israël Katz.
Le gouvernement Netanyahu fait face à une forte pression internationale pour mettre fin à la guerre. Les bombardements quotidiens de l’armée ont dévasté la bande de Gaza, où la population est menacée de famine du fait du siège imposé par Israël et des fortes limitations sur l’aide humanitaire, selon l’ONU.
En 2010, une flottille internationale de huit cargos transportant près de 700 passagers, partie de Turquie pour tenter de forcer le blocus de Gaza, a été stoppée par une opération militaire israélienne qui a fait dix morts parmi les militants.