Guerre Iran-Israël : pourquoi Téhéran menace-t-il de fermer le détroit d’Ormuz? , une zone hyperstratégique ?

Près de 30 % du pétrole mondial transite par le détroit d’Ormuz, au large des côtes iraniennes, et sa fermeture pourrait bouleverser le marché mondial et provoquer une envolée des prix.
Le Détroit d’Ormuz est un lieu hyperstratégique pour le commerce et le pétrole mondial : l’Iran, les États-Unis et la France y sont présents militairement. © Crédit photo : AFP

La fermeture du détroit d’Ormuz par l’Iran « serait extrêmement dangereuse, et bonne pour personne », a mis en garde lundi la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, rappelant que l’Union européenne appelait à une solution diplomatique et à la désescalade.

Après le déclenchement du conflit le 13 juin par une attaque israélienne contre son ennemi juré iranien, le président américain Donald Trump a envoyé des bombardiers frapper dimanche le site souterrain d’enrichissement d’uranium à Fordo, au sud de Téhéran, et les installations nucléaires à Ispahan et Natanz (centre).

L’Iran a menacé lundi les États-Unis de « lourdes conséquences » et prévenu d’une possible fermeture du détroit d’Ormuz. Mais pourquoi ce secteur devient-il le centre des tensions ?

30 % du pétrole mondial

Le détroit d’Ormuz est la porte d’entrée, et de sortie, du Golfe Persique. Ce bras de mer part de l’Irak et du Koweït, jusqu’à Oman, en longeant l’Arabie saoudite d’un côté et l’Iran de l’autre. Ainsi, près de 90 % du pétrole produit dans le Golfe (30 % du pétrole mondial) transite par ce passage de 55 kilomètres de large. Des couloirs de navigation sont érigés à travers les eaux territoriales iraniennes et omanaises.

Les articles 38 et 39 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), confèrent aux navires internationaux le droit de traverser, sans entrave, le détroit d’Ormuz. Sauf que la République islamique d’Iran n’a pas ratifié ce traité, ce qui lui permet d’envisager une fermeture complète du détroit d’Ormuz.

Échiquier militaire : Iran, États-Unis et France

En 2011, l’Iran avait déjà menacé de prendre une telle mesure face au renforcement des sanctions internationales le visant, en raison de l’avancement de son programme nucléaire. Téhéran a particulièrement militarisé le détroit, avec sa principale base navale à Bandar Abbas et des installations militaires sur plusieurs îles.

Une présence qui n’a pas empêché les Occidentaux de déployer des patrouilles dans le secteur, notamment à partir des bases navales et aériennes, américaines et françaises, situées aux Émirats arabes unis. Plusieurs opérations internationales, mobilisant des pays alliés et européens, ont permis d’assurer la sécurité de ces couloirs maritimes pour limiter les incidents. En 2019 cependant, deux navires sont « attaqués », a priori par des mines ventouses déposées par l’Iran. Et deux autres sont arrêtés et saisis par la marine iranienne.

À partir de 2020, et jusqu’à 2024, la France a mené la mission Emasoh (European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz) durant laquelle les moyens militaires marins et aériens ont effectué au total « 1 457 actions de réassurance auprès de navires marchands », dont « 300 accompagnements de navires ». Mais avec les attaques houthis, et les risques pour les cargos naviguant dans la mer Rouge, la mobilisation occidentale se détourne d’Ormuz.

Ces derniers jours, les États-Unis ont annoncé l’envoi d’un troisième porte-avions dans le Golfe.

(Source sudouest.fr)

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