La Financial Crimes Commission entend décortiquer le mécanisme mis en place sous Anil Kumar Dip peu après sa nomination comme Commissaire de police par l’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth, il y a quatre ans. Des responsables de différentes banques devront expliquer comment ils ont accepté des dépôts de plusieurs millions de roupies sur les comptes des hommes de l’ex-patron des Casernes centrales et comment ces derniers ont eu l’autorisation de leurs banques respectives pour effectuer des retraits d’un million de roupies par jour durant la période électorale.
Comment la State Bank a-t-elle pu accepter de virer plusieurs millions de roupies sur les comptes de différents policiers et comment se fait-il que leurs banques aient autorisé des retraits d’un million de roupies par jour en pleine période électorale ? Les réponses devront être fournies par les responsables de la SBM et de ces établissements bancaires dans les jours à venir avant que l’ex-Commissaire de police Anil Kumar Dip ne soit entendu.
Le directeur par intérim de la FCC, Titrudeo Dawoodharry, lui-même un haut gradé de la police qui était jusqu’à récemment directeur des enquêtes, a publiquement révélé que l’enquête sur les primes versées aux indics et autres agents derrière de grosses saisies de drogue tourne autour de 250 millions de roupies. Dans un passé récent, le « reward money » était de 1 million de roupies et était passé à 5 millions de roupies. En cas de besoin, des « reallocation of funds » étaient nécessaires.
Mais c’est plus de 300 millions de roupies qui sont en jeu. À lui seul, l’ACP Dunraz Gangadin a géré 160 millions de roupies sur son compte et sur celui de ses proches. 102 millions de roupies ont été virés sur son compte entre janvier 2023 et mars 2024. 58 millions de roupies y ont été ajoutés entre juin 2024 et octobre 2024.
Le sergent Yeshdeo Seeboruth a vu circuler 76 millions de roupies. Il a effectué des retraits de 14 millions de roupies, à raison de 1 million de roupies par jour entre le 18 octobre et le 7 novembre 2024, soit à la veille des élections générales. La FCC entend découvrir qui sont les bénéficiaires ultimes de cet argent.
L’officier Faraaz Mooniaruth, qui a été pendant un temps le numéro 2 du National Security Service, a obtenu 3 millions de roupies. L’officier Lilram Deeal, qui a été à la tête de l’unité antiterroriste au sein du bureau du Premier ministre, a bénéficié de 5 millions de roupies, dont 4,5 millions de roupies pour une opération visant à réunir certaines informations sensibles auprès du présumé trafiquant de drogue Navind Kistnah à Maputo en mars 2017.
Le sergent Yusuf Ali Hamud Hossen a, lui, obtenu 65 890 000 roupies entre le 25 août 2022 et le 5 février 2024, de même que 17 301 000 roupies entre le 5 avril et le 2 septembre 2024. L’ASP Rajcoomar Seewoo est soupçonné d’avoir géré 34,75 millions de roupies destinées aux indics sur son compte en banque depuis septembre 2024. Les enquêteurs s’intéressent plus particulièrement aux retraits d’un montant de 1 million de roupies pendant plusieurs jours durant la période électorale en novembre dernier.
D’autres mystères restent à élucider, telle la prime de 33 millions de roupies payée pour une saisie de 200 millions de roupies de zamal alors qu’un million de roupies a été payé pour une autre saisie d’une valeur marchande de 30 millions de roupies. Il y a d’autres décisions absurdes qui doivent être éclaircies : des primes ont été versées alors que la police scientifique n’a même pas établi si le produit saisi est bel et bien de la drogue.
