Des enfants qui se rendaient jeudi matin en car à l’école dans le sud du Liban ont échappé de justesse à une frappe israélienne qui visait un membre du Hezbollah, tué au volant de sa voiture, selon plusieurs témoignages.
Une source proche du Hezbollah libanais, que des échanges de tirs transfrontaliers opposent à Israël depuis plus de sept mois, a indiqué qu’un membre de la puissante formation armée pro iranienne avait été tué dans une attaque de drone israélien qui l’a visé.
« Je conduisais le car et soudain, la frappe a eu lieu sur la voiture devant nous », raconte le chauffeur du bus, Ahmad Kobeissy, 57 ans, qui emmenait 18 enfants à l’école. « Au début, on n’a pas compris ce qui se passait, et ça a été la panique parmi les enfants », ajoute-t-il.
Des enfants blessés
La frappe s’est produite sur la route menant à la ville de Nabatiyé, relativement éloignée de la frontière, et généralement épargnée par les violences. « Le pare-brise s’est cassé (…) je suis revenu en arrière, et à ce moment-là un deuxième projectile a visé la voiture » qui précédait le car, poursuit le chauffeur.
Trois enfants ont été blessés par les éclats de verre et hospitalisés, selon les témoignages et la Défense civile.
« On allait à l’école et il y a eu une frappe (…) Le verre a volé en éclats (…) la voiture devant nous brûlait », raconte un des écoliers blessés, Mohammad Ali Nasser, 11 ans. « On a mis nos cartables sur nos têtes » pour se protéger, ajoute le garçon, étendu sur un lit de l’hôpital gouvernemental de Nabatiyé, le front bandé. À ses côtés, sa tante montre son costume maculé de sang.
« Je travaillais dans mon champ quand mon beau-frère m’a appelé pour me dire que mon fils était blessé », raconte son père, Ali Nasser, qui a accouru à l’hôpital. « Heureusement, ce n’est pas trop grave. Nous allons résister sur notre terre coûte que coûte », assure-t-il. Sur le lieu de la frappe, un photographe de l’AFP a vu la voiture carbonisée, alors que des taches de sang maculaient la chaussée.
Un professeur de physique, membre du Hezbollah, tué
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah cible régulièrement le nord d’Israël en soutien au mouvement islamiste palestinien, son allié. L’armée israélienne riposte en menant des frappes de plus en plus en profondeur au Liban et en visant des responsables du Hezbollah.
Selon une source proche de la formation islamiste, l’homme tué au volant de la voiture qui précédait le bus était un membre du Hezbollah, Mohammad Ali Nasser Farran. La formation pro iranienne a annoncé sa mort, mais ne précise jamais les circonstances dans lesquelles ses membres sont tués. Farran était également un professeur de physique dans une école de Nabatiyé, qui a annoncé sa mort.
« Nous avons éliminé des centaines d’agents du Hezbollah », a déclaré jeudi le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, selon un communiqué de son bureau, ajoutant : « Nous avons des plans détaillés, importants, voire surprenants » pour ce front nord.
Sept mois de violences transfrontalières ont fait au moins 429 morts au Liban, dont 278 combattants du Hezbollah mais également au moins 82 civils, selon un décompte de l’AFP. Côté israélien, au moins 14 soldats et 11 civils ont été tués dans ces violences selon les autorités.
Le Hezbollah a intensifié ses attaques au cours des derniers jours contre des positions militaires dans le nord d’Israël, employant des drones et de nouveaux types d’armes. Il a annoncé jeudi avoir riposté à la frappe en lançant en fin de matinée « des dizaines de roquettes Katioucha » sur une base militaire dans le nord d’Israël, un engrenage devenu quotidien.
L’armée israélienne a indiqué qu’une trentaine de projectiles avaient été tirés depuis le sud du Liban mais n’a pas fait état de victimes.