Un poste aux contours encore flous. Elon Musk a été nommé à la tête d’un nouveau département de l’«efficacité gouvernementale » ce mardi 12 novembre par Donald Trump. Un département pour lequel il travaillera conjointement avec l’homme d’affaires républicain et ancien candidat aux primaires Vivek Ramaswamy à partir de janvier 2025 prochain.
Ce département, c’est le propriétaire de X lui-même qui en a eu l’idée. Son objectif? Conseiller la Maison Blanche pour couper et optimiser les dépenses fédérales. « Je pense qu’il serait formidable de créer une commission d’efficacité gouvernementale qui s’assurerait que l’argent durement gagné par les contribuables est dépensé à bon escient », avait proposé l’homme d’affaires en août dernier.
Plus précisément, il attend d’eux qu’ils « démantèlent la bureaucratie gouvernementale, réduisent les réglementations excessives, les dépenses inutiles et restructurent les agences fédérales ».
Le milliardaire républicain a comparé ce plan au « projet Manhattan », le projet secret de construction de la bombe atomique pendant la Seconde Guerre mondiale.
Objectif: économiser un tiers du budget national
Le Department of Government Efficiency, DOGE – un clin d’œil à la cryptomonnaie préférée d’Elon Musk – aura pour but de repenser l’organisation des agences fédérales, partant du principe que certaines se chevauchent ou encore d’estimer le personnel à licencier afin de pallier « un gaspillage massif ».
L’homme le plus riche du monde, qui a été une figure clé dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle américaine, est considéré par Donald Trump comme « le meilleur coupeur ». Il avait notamment été remarqué lors de son rachat de Twitter, rebaptise X: il avait licencié des milliers d’employés.
Avant même sa nomination, Elon Musk s’était donné pour objectif d’économiser « 2.000 milliards de dollars sur les dépenses fédérales », soit environ un tiers du budget national. Un chiffre qui « est hors de portée sans sabrer dans les principaux postes de dépenses que sont la retraite par répartition (Social Security) et l’assurance-maladie pour les personnes âgées (Medicare), que Donald Trump a pourtant promis de préserver », souligne le journal Le Monde.
Actuellement dans le viseur? Le ministère de l’Éducation, que le président élu avait tout bonnement envisagé de supprimer ou encore le FBI notamment ciblé par Vivek Ramaswamy. Ce dernier a d’ailleurs promis de licencier plus de 75 % des fonctionnaires fédéraux, rappelle le média britannique The Independent.
DOGE devra aussi aider à lutter contre “la fraude” ou encore assouplir les réglementations fédérales dont Elon Musk se plaint car elles concernent parfois ses entreprises.
Un poste jusqu’en juillet 2026
Le directeur de Tesla a déclaré après sa nomination que « toutes les actions du Département de l’efficacité gouvernementale seront publiées en ligne pour une transparence maximale ».
« Chaque fois que le public pense que nous réduisons quelque chose d’important ou que nous ne réduisons pas quelque chose de gaspilleur, faites-le nous savoir! », a-t-il ajouté dans le message adressé à X. « Nous aurons également un classement des dépenses les plus stupides de vos impôts. Ce sera à la fois extrêmement tragique et extrêmement divertissant. »
Donald Trump a donné pour objectif à Elon Musk et Vivek Ramaswamy de terminer leurs travaux au plus tard le 4 juillet 2026, jour de l’indépendance américaine. « Un gouvernement plus petit, plus efficace et moins bureaucratique sera le cadeau parfait pour l’Amérique à l’occasion du 250e anniversaire de la Déclaration d’indépendance », a écrit le président élu.
Ce nouveau département ne fera pas partie du gouvernement fédéral mais opérera « en dehors » en travaillant avec la Maison Blanche et le Bureau de la gestion et du budget. N’étant pas un réel nouveau ministère, le DOGE ne sera pas soumis au vote obligatoire du Congrès ni au vote de confirmation du Sénat.
Un risque de conflit d’intérêts
On ne sait pas encore quel sera le budget du DOGE ni combien de personnes seront employées pour assurer son fonctionnement. Ni si Elon Musk se désengagera temporairement de la direction de ses entreprises afin d’assurer sa mission. Un scénario qu’il refute pour le moment. N’étant pas nommé au sein même du gouvernement fédéral, rien ne l’y oblige.
Des inquiétudes surgissent ainsi sur de potentiels conflits d’intérêts. « Il a une grande entreprise qui vend des véhicules électriques, une grande entreprise qui vend des satellites, il a une plateforme de médias sociaux. Dans tous ces domaines, on peut imaginer que ses conseils soient biaisés par le fait qu’il a de forts intérêts économiques », a estimé Nikolas Guggenberger, professeur de droit à l’Université de Houston, auprès de Reuters.
Le New York Times a également signé de son côté que ce poste lui donnerait le « pouvoir de réglementer les régulateurs qui exercent une influence sur ses entreprises ». SpaceX doit par exemple obtenir des autorisations pour les lancements de fusées et de nouvelles technologies et les régulateurs automobiles examinent minutieusement la sécurité de la technologie de conduite autonome de Tesla.
Se pose aussi la question de leur réelle marge de manœuvre. « De très nombreux audits ont déjà été réalisés et des recommandations déjà formulées pour plus d’efficacité » dans le passé, note Cristina Chaplain, ancienne directrice de l’organisme chargé du contrôle des comptes publics du budget fédéral des États-Unis. De plus, ces recommandations « entre souvent en conflit avec la réalité des opérations gouvernementales et des lois et réglementations ».