En Afrique du Sud, 60 corps de mineurs clandestins extraits en deux jours d’un gisement d’or cerné par la police

Plusieurs centaines de personnes se trouveraient encore au fond de ce puits aurifère à Stilfontein, où les autorités ont lancé en novembre une opération pour mettre fin à son exploitation illégale.

Soixante corps de mineurs clandestins ont été extraits d’un puits d’or désaffecté en Afrique du Sud après deux jours d’opérations de secours, a annoncé, mercredi 15 janvier, la police, qui cerne le site depuis des mois pour les déloger. « Au deuxième jour des opérations, 106 mineurs illégaux vivants ont été récupérés et arrêtés pour exploitation minière illégale. 51 ont été déclarés morts », a indiqué dans un communiqué la police, qui avait déjà remonté neuf dépouilles lundi.

Ce bilan provisoire, puisque les opérations doivent durer dix jours, accrédite les estimations locales faisant état de la présence de plus d’une centaine de corps dans les galeries du veld de Stilfontein, à environ 150 km au sud-ouest de Johannesburg. « La semaine dernière, on a reçu une lettre remontée de sous-terre annonçant qu’il y avait plus de 109 dépouilles », a assuré mardi à l’Agence France-Presse (AFP) un porte-parole des habitants du township de Khuma, Levies Pilusa, âgé de 41 ans.

Le ministre de la police, Senzo Mchunu, en visite mardi à Stilfontein, n’a pas souhaité donner de chiffre précis. « Chaque chiffre que nous avons ici est une estimation, une supposition, a-t-il déclaré. C’est impossible que quelqu’un nous dise “Je sais avec certitude qu’ils sont tant”. »

Une vidéo transmise à l’AFP lundi par l’ONG Macua, qui défend les communautés affectées par les activités minières, montrait ce qui s’apparentait à des dizaines de dépouilles emballées dans l’obscurité des galeries.

« Ils sont presque mourants »

Johannes Qankase, un chef de communauté, a déclaré mardi à l’AFP que 26 mineurs avaient été secourus. « Ils sont très malades et très déshydratés. On peut le voir, ils sont presque mourants », a-t-il déclaré à propos des rescapés. Soutenus par des policiers, ces hommes au visage hâve, titubant dans des bottes de caoutchouc trop grandes pour leurs mollets amaigris, sont passés au détecteur de métal à la sortie du puits pour s’assurer qu’ils ne remontaient pas de pépite d’or, a constaté une équipe de l’AFP. La plupart d’entre eux ont été emmenés à l’hôpital et deux auraient été placés en garde à vue, a précisé M. Qankase, alors que les opérations de sauvetage se poursuivent.

Le nombre de personnes se trouvant encore dans ce puits aurifère de près de 2 kilomètres de profondeur est inconnu, mais, selon la police, elles pourraient être plusieurs centaines. A la mi-novembre, certaines sources locales avaient évoqué jusqu’à 4 000 personnes. Des milliers de mineurs illégaux, souvent originaires d’autres pays et appelés « zama zamas » (« ceux qui essaient », en zoulou), travailleraient ainsi dans des puits de mine abandonnés à travers l’Afrique du Sud, riche en minerais.

Depuis des mois, l’accès à cette mine a été bouclé dans le cadre de l’opération de police. Les autorités ont été accusées d’essayer de forcer les mineurs à remonter à la surface de ce qui ressemblait à une petite ville souterraine en réduisant les réserves de nourriture et d’eau qui leur avaient été apportées par la communauté locale, laquelle vivait de l’économie informelle autour de la mine. « Nous allons les enfumer et ils sortiront », avait lancé en novembre Khumbudzo Ntshavheni, ministre auprès de la présidence.

Plus de 1 500 mineurs clandestins, pour la plupart étrangers, ont été arrêtés sur le site par la police depuis août. Parmi eux, « 121 mineurs illégaux ont déjà été expulsés, dont 80 Mozambicains, 30 Basotho, 10 Zimbabwéens et un Malawite », ont recensé les autorités sud-africaines.

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