En deux ans, la bande de Gaza a été transformée en champ de ruines

Deux ans après l’attaque du Hamas sur Israël, Tel-Aviv entreprend une destruction sans précédent de la bande de Gaza, un territoire enclavé où se trouvent plus de deux millions de Palestiniens. Les images satellites fournies par Google Earth montrent l’ampleur de la catastrophe, qui a fait plus de 67 000 morts, dans cette bande de terre de 365 km². 

« Gaza-ville »

La ville de Gaza abritait environ 900 000 habitants avant la guerre, soit 40 % de la population de l’enclave. Elle est victime de bombardements intenses dès les premiers jours de la guerre. Mais le 16 septembre 2025, Israël lance une offensive terrestre d’une ampleur sans précédent en direction du centre-ville de Gaza, affirmant vouloir éliminer le Hamas, et cela alors que 60% de la population de Gaza était encore présente. 

Le 1ᵉʳ octobre 2025, alors que l’armée israélienne intensifie ses opérations, le ministre israélien de la Défense Israël Katz affirme que « ceux qui resteront seront considérés comme des terroristes et des partisans du terrorisme ». Tous les quartiers de la ville ont désormais été ciblés, dont des dizaines de bombardements sur des tours résidentielles. 

Ville de Gaza

Le port de Gaza

Le point de passage de Erez 

Le poste-frontière d’Erez se situe au nord de la bande de Gaza. Il permet d’accéder, via la route Salah ad-Din, au point de passage de Rafah à l’extrême sud de l’enclave palestinienne. Avant le 7-Octobre, il est régulièrement fermé par les autorités israéliennes, une technique utilisée comme mesure de rétorsion à l’égard des Palestiniens. Dès le début de la guerre, il est totalement fermé et ne rouvre qu’en mai 2024 avant de fermer une nouvelle fois en mars 2025. 

Point de passage de Erez

Deir el-Balah 

Située entre la ville de Gaza au nord et celle de Khan Younès au sud, Deir el-Balah n’est pas épargnée par les bombardements israéliens. Et plus le temps passe, plus les destructions et les morts augmentent. Et en juillet 2025, pour la première fois depuis le début de la guerre, les chars pénètrent dans la ville. C’est à Deir el-Balah qu’une immense partie des infrastructures humanitaires ont déménagé après l’offensive contre Rafah en 2024, pour servir une population d’au moins 50 000 personnes. Population qui, en partie, a dû fuir à nouveau. 

Deir el-Balah

Beit Hanoun 

Située à 6 km de la ville israélienne de Sderot, dans le nord de la bande de Gaza, Beit Hanoun est rapidement devenue l’une des villes palestiniennes les plus défigurées par les bombardements, même si elle l’était déjà régulièrement lors des précédentes opérations israéliennes contre l’enclave palestinienne. Les quelque 60 000 habitants de cette ville d’environ 12 km² ont été déplacés et les terres agricoles qui entouraient la ville ne sont plus qu’un champ carbonisé. 

Beit Hanoun

Khan Younès  

La ville de Khan Younès, située dans le sud de la bande de Gaza, est la deuxième plus grande ville de l’enclave. Elle comptait plus de 400 000 âmes avant le 7-Octobre. En juillet 2024, l’armée israélienne y a tué plus de 300 Palestiniens en une seule semaine.  

À l’instar des autres villes de la bande de Gaza, Khan Younès et ses faubourgs ont été ravagés par les bombardements israéliens, mais aussi par les opérations menées par les bulldozers blindés Caterpillar D9 visant à effacer toute trace de vie possible. Selon le quotidien israélien Haaretz, l’armée israélienne fait de plus en plus appel à des entrepreneurs privés qui réalisent un bénéfice de plusieurs milliers de shekels par bâtiment rasé. Les opérateurs de bulldozers et d’excavatrices sont payés 2 500 shekels (environ 750 dollars) pour raser un bâtiment de trois étages maximum et 5 000 shekels pour les structures plus hautes. 

Khan Younès

L’hôpital Nasser 

L’hôpital Nasser de Khan Younès est l’un des plus grands hôpitaux de la bande de Gaza. Cible de multiples attaques israéliennes, cet hôpital du sud du territoire est assiégé en avril 2024 par Israël.  

Fin avril, un charnier y est découvert après le retrait de l’armée israélienne : près de 300 corps parmi lesquels figureraient des personnes âgées, des femmes et des blessés. La porte-parole du haut-commissaire de l’ONU pour les droits humains, Ravina Shamdasani, se dit alors horrifiée par ces informations : « Selon les rapports qui nous parviennent, les victimes ont été enterrées profondément dans le sol, recouvertes de déchets. Parmi elles, il y aurait des personnes âgées, des femmes et des blessés. Tandis que d’autres auraient été trouvées les mains liées et dévêtues, ce qui implique évidemment de graves violations du droit international et du droit humanitaire. Cela nécessite une enquête approfondie. On ne peut pas se contenter d’un énième rapport qui passe sous les radars, dans cette guerre horrible ». 

L’hôpital Nasser est l’un des derniers hôpitaux fonctionnels dans toute la bande de Gaza. Le 23 mars 2025, il est lourdement endommagé par une frappe israélienne. Tel-Aviv parle « d’une frappe de précision », mais la destruction est monumentale.   

Le 25 août 2025, des frappes sur l’hôpital Nasser font 22 morts, dont cinq journalistes. Un premier bombardement est suivi quelques minutes plus tard, au même endroit, d’une seconde frappe. L’armée israélienne annonce avoir frappé l’établissement après avoir repéré une « caméra du Hamas » pouvant servir à surveiller le mouvement des troupes israéliennes. Mais les éléments mettant à mal cette version se multiplient, dont une enquête de l’agence Reuters – qui a perdu un collaborateur ce jour-là. 

Hôpital Nasser

Al Mawassi 

Al Mawassi se situe le long de la côte sud de la bande de Gaza, à l’ouest de Khan Younès. Jusqu’en 2005 et le retrait israélien de l’enclave, le village est coincé entre la mer et la grande colonie juive de Gush Katif. Les Palestiniens qui y habitent vivent alors sous le contrôle exclusif de l’armée israélienne.   

Avec la guerre, le camp d’Al Mawassi est aussi devenu en deux ans la cible de multiples bombardements meurtriers. À la rupture du cessez-le-feu, la zone n’est plus désignée par l’armée israélienne comme une « zone humanitaire ». Plusieurs bombardements font des centaines de victimes. 

Après l’annonce d’une « offensive massive » sur la ville de Gaza mi-septembre, l’armée appelle la population de la ville de Gaza à évacuer vers la zone d’Al Mawassi, déclarée alors « humanitaire ». Mais cette région, de plus en plus densément peuplée, voire surpeuplée, continue d’être la cible des bombardements israéliens meurtriers. 

Al Mawassi

Le point de passage de Rafah 

Le poste frontière de Rafah se trouve entre la bande de Gaza et l’Égypte. Il constitue alors une voie essentielle pour acheminer l’aide dans le territoire palestinien compte tenu du blocus imposé sur Gaza par Israël depuis 2007. En mai 2024, Israël ferme le passage suite à son offensive au sol dans la ville de Rafah et bloque ainsi l’essentiel de l’aide humanitaire entrant dans l’enclave palestinienne. 

Fin janvier 2025, à la faveur de l’accord de cessez-le-feu, l’armée israélienne se retire du poste-frontière de Rafah. Une mission internationale de l’Union européenne (UE) en prend alors temporairement le contrôle et des représentants de l’Autorité palestinienne doivent gérer le point de passage du côté palestinien. Cette réouverture devait alors permettre de faire sortir des blessés palestiniens de l’enclave assiégée, les évacuations étant planifiées en collaboration avec l’OMS. 

Point de passage de Rafah

After 15 months Israel‘s war on Gaza, Palestine, and the implementation of the ceasefire on 19 January 2025, displaced Palestinians are attempting to return home to the southern city of Rafah. While people try to rebuild the ruins, Rafah is totally destroyed, with homes, shops, streets and healthcare facilities in ruins and electricity and water systems damaged – and unsafe due to scattered unexploded ordnance in the ruins of buildings. In May 2024, Rafah had the largest concentration of displaced Palestinians in the Strip with an estimated 1.5 million Palestinian living in tents and makeshift shelters. People were living in inhumane conditions, facing disease outbreaks, malnutrition, and the psychological impact of being forcibly displaced multiple times. Médecins Sans Frontières / Doctors Without Borders teams working in Rafah were providing primary health care, mental health support in the Shabboura clinic and supporting pediatric and maternity care in the Ministry of Health Emirati hospital in Rafah. Eventually, MSF teams were forced to close activities and evacuate the area after continuous bombings and evacuations orders by Israeli forces, as the looming threat of a ground invasion by Israeli forces, which began on May 6, 2024. The military operations by Israeli forces led to the emptying of Rafah, mass destruction of the city, and to the closure of the Rafah crossing, severely hindering the delivery of humanitarian aid into the Strip. Rafah was also the home to many of MSF colleagues, many who had fled other parts of the Gaza Strip.

(Source RFI)

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