
L’enquête judiciaire sur la mort de 12 patients dialysés pendant la pandémie s’est poursuivie hier à la Cour de Curepipe.
La fille d’Habib Unjore a livré un témoignage bouleversant. Son père, diabétique et testé négatif à la Covid-19, aurait été transféré de force à l’hôtel Tamassa, malgré son état fragile.
Sur place, il aurait reçu une alimentation inadaptée, ses séances de dialyse auraient été incomplètes, et aucun soin spécifique ne lui aurait été prodigué après avoir été testé positif.
La fille du défunt, Nawsheen Unjore, affirme avoir prévenu la hotline du ministère de la Santé : son père était diabétique, dialysé, et avait besoin d’une alimentation adaptée. Pourtant, rien n’aurait été fait.
Transféré à l’hôtel Tamassa, on lui aurait servi des repas riches, totalement inappropriés à sa condition.
Autre élément troublant : bien que testé négatif avant son transfert, il aurait voyagé dans un van avec une patiente positive à la Covid vers l’hôpital de Souillac pour sa séance de dialyse. Quelques jours plus tard, son état se serait détérioré.
Elle ajoute que les séances de dialyse étaient incomplètes. Une fois testé positif, aucun soin spécifique ne lui aurait été prodigué. Il souffrait seul, sans assistance médicale, dans sa chambre d’isolement.
L’épouse du défunt, venue lui apporter des repas faits maison, se serait heurtée au refus du personnel hospitalier. Faible, incapable de manger ce qu’on lui servait, son état aurait empiré.
Et ce n’est pas tout : la famille dit avoir reçu deux versions différentes sur les circonstances du décès. Quatre ans après, la confusion persiste.
La cour a également entendu Didier Lesage, un autre patient dialysé. Il dénonce l’insalubrité de la salle d’isolement à l’hôpital de Souillac : « On a dû tout nettoyer nous-mêmes, même les toilettes », a-t-il déclaré.
En larmes, il affirme n’avoir reçu aucun soin pour la Covid, ni aucune présence médicale continue. Selon lui, si les choses avaient été gérées convenablement, certaines vies auraient pu être sauvées.