Fusillades aux États-Unis: les parents de tueurs mineurs de plus en plus souvent inculpés

Après la fusillade dans une école en Géorgie perpétrée par un adolescent de 14 ans, le père du suspect a été inculpé.

Une énième fusillade qui a causé la mort de quatre personnes et fait neuf blessés. Ce mercredi 5 septembre, Colt Gray, un adolescent de 14 ans, a ouvert le feu au lycée Apalachee de Winder, dans l’État de Géorgie. L’arme utilisée avait été offerte par le père du suspect, Colin Gray. Ce dernier a lui-même été arrêté par la police, accusé d’homicide involontaire. Ce n’est pas la première fois qu’un parent d’un auteur de fusillade mineur est inculpé. James et Jennifer Crumbley avaient été reconnus coupables d’homicide involontaire pour la tuerie de masse perpétrée par leur fils dans un lycée du Michigan en 2021. Selon le New York Times , la justice de l’État de Géorgie est d’avis d’employer la même mesure.

Avant l’affaire du Michigan, les parents d’auteurs mineurs de tueries étaient rarement pointés du doigt. Une erreur, pour certains citoyens américains, qui estiment que l’inculpation des parents pourrait contribuer à empêcher les jeunes de commettre de tels crimes, rapporte le journal new yorkais. «Je ne suis pas une grande adepte des accusations après un tel drame, mais nous avons un problème de responsabilité dans ce pays. La question de la responsabilité est absente du débat depuis bien trop longtemps», a confié à nos confrères américains Michele Gay, dont la fille, Josephine Grace, a été tuée lors de la fusillade de 2012 à l’école Sandy Hook dans le Connecticut.

Une stratégie insuffisante, estiment des enseignants

D’après une étude menée par les services secrets de sécurité intérieure américains, près de trois quarts des armes utilisées lors des tueries de masse sont empruntées par l’auteur à ses parents ou à un proche. Pour faire face au fléau des tueries de masse, hélas trop répandues aux États-Unis, les autorités cherchent des solutions pour sensibiliser les familles aux dangers du port d’arme, malgré le récent élargissement des droits relatifs aux armes à feu par la Cour suprême. Ainsi, les tribunaux n’hésitent plus à engager des poursuites contre les fabricants et vendeurs d’armes, ou à solliciter des accusations plus larges, comme les parents dans le cadre des affaires du Michigan et de Géorgie. «Les procureurs commencent à se rendre compte qu’il s’agit de véritables crimes qui doivent faire l’objet d’accusations», a indiqué Nick Suplina, vice-président chargé du droit et de la politique au sein de l’association Everytown for Gun Safety.

Pour autant, certains estiment que cette stratégie reste insuffisante pour lutter contre les tueries de masse. «On ne résoudra pas ces problèmes en poursuivant les parents un par un. Cela semble être une façon peu probable de traiter ce qui est fondamentalement un problème de saturation des armes à feu», abonde auprès du New York Times Ekow N. Yankah, professeur de droit et de philosophie à l’université du Michigan. Avant d’ajouter : «Nous ne sommes responsables que de nos actes, et lorsque d’autres personnes agissent, nous ne sommes pas responsables de ce qu’elles font.» Un avis partagé par Linda C. Fentiman, professeure émérite à l’Université Pace. «Blâmer le père – et la décision de l’inculper immédiatement – ​​ne résout pas le problème fondamental de la violence armée, à savoir que les armes à feu sont largement accessibles aux adultes et aux enfants», partage l’enseignante.

Une loi plus encadrée dans certains États

Selon l’association Everytown for Gun Safety, qui défend l’encadrement le plus strict des armes à feu, 26 États, dont New York, la Californie, le Texas et la Floride, punissent les détenteurs d’armes si des enfants y ont accès. De quoi permettre aux parents de mieux prendre conscience de leurs responsabilités à ce sujet. Mais la Géorgie, elle, ne dispose pas d’un tel encadrement.

Pour l’heure, l’enquête ne permet pas de savoir si Colin Gray savait que son fils représentait une menace. Le FBI avait émis un signalement en 2023 sur Colt Gray, qui avait menacé de perpétrer des tirs dans une école sur internet. Une enquête avait été conduite par le shérif d’un comté voisin, mais Colt Gray avait nié être l’auteur des menaces, et son père avait affirmé que son fils n’avait pas accès à ses armes. 

Plus d'Actualités

Autres Catégories