
Mercredi 6 août, Hiroshima a commémoré les 80 ans du bombardement atomique de 1945 lors d’une cérémonie rassemblant des représentants de 120 pays et régions. À 8h15, une minute de silence a été observée à l’heure exacte où la bombe a été larguée, tuant quelque 140 000 personnes. Trois jours plus tard, Nagasaki subissait le même sort, causant environ 74 000 morts.
À cette occasion, de nouveaux appels à renoncer à l’arme nucléaire ont été lancés dans un contexte mondial marqué par la guerre en Ukraine, la montée des tensions au Moyen-Orient et la recrudescence des logiques de dissuasion. Le maire de la ville, Kazumi Matsui, a dénoncé les discours bellicistes de certains dirigeants, rappelant que 90 % des ogives nucléaires mondiales sont détenues par les États-Unis et la Russie. Selon lui, la course à l’armement menace les cadres de paix construits après les conflits du XXe siècle.
En marge de la cérémonie, Kazumi Matsui a également exhorté Donald Trump à se rendre à Hiroshima, après des propos jugés inappropriés sur les bombardements de 1945 comparés à des frappes contre l’Iran.
Des pays comme la France, l’Union européenne, la Palestine ou Taïwan étaient représentés, tandis que la Russie, la Chine, le Pakistan et d’autres puissances nucléaires majeures étaient absents. Le Japon affirme avoir simplement notifié tous les pays de l’événement, sans sélection d’invités. Notable également : la présence pour la première fois de la Palestine et de Taïwan.
À Hiroshima comme à Nagasaki, où une cérémonie est prévue samedi, les survivants — les hibakusha — continuent de porter la mémoire des victimes. Yoshie Yokoyama, 96 ans, a perdu ses parents, tous deux morts d’un cancer lié à la bombe. « Les gens souffrent encore », dit-elle, en fauteuil roulant, aux côtés de son petit-fils Hiroki, déterminé à transmettre cette histoire à la génération suivante.
Takako Hirano, 69 ans, dont les deux parents ont également péri, insiste sur l’importance de témoigner : « Les bombardements atomiques ne doivent jamais se reproduire. »
Quant à Yukiyo Kokufu, venu de Kyoto, il se souvient des chéloïdes de sa mère, de la mort de son frère âgé de 18 mois, et des longues souffrances de son père irradié.
L’organisation Nihon Hidankyo, regroupant les survivants, a reçu le Prix Nobel de la paix en 2024 et continue de militer pour un monde sans armes nucléaires, s’appuyant sur les récits poignants des hibakusha.