L’alerte est de plus en plus pressante

Une tortue verte à Lizard Island, dans la Grande Barrière de Corail, au nord de la ville de Cairns, en Australie, le 5 avril 2024. © David Gray, AFP

L’alerte est de plus en plus pressante. Selon le dernier rapport de l’Institut de recherche sur le climat de Potsdam (PIK), publié mercredi 24 septembre, la planète vient de franchir une nouvelle étape critique : la limite planétaire de l’acidification des océans. Ce seuil, censé garantir la stabilité et la durabilité des écosystèmes marins, est désormais dépassé. Sept des neuf limites planétaires définies par la science sont donc franchies.

Un concept de plus en plus alarmant

Le concept de « limites planétaires » a été formulé en 2009 par une trentaine de chercheurs internationaux. Il identifie neuf grands seuils environnementaux à ne pas franchir pour préserver un « espace sûr pour l’humanité ». À l’époque, trois de ces limites étaient déjà considérées comme transgressées. Aujourd’hui, seules deux restent intactes : les aérosols atmosphériques et l’ozone stratosphérique.

Les autres – climat, biodiversité, usage des sols, cycle de l’eau douce, cycles biogéochimiques (azote, phosphore), introduction de nouvelles entités (plastiques, produits chimiques), et désormais acidification des océans – sont dépassées.

L’océan, victime du CO₂

L’acidification des océans est provoquée par l’absorption du dioxyde de carbone (CO₂) émis par les activités humaines, principalement la combustion de pétrole, gaz et charbon. Depuis la révolution industrielle, les océans ont absorbé près de 30 % du surplus de CO₂ atmosphérique. Résultat : le pH de surface a baissé de 0,1, soit une hausse de 30 à 40 % de l’acidité.

Ce phénomène menace directement les organismes marins formant des coquilles ou squelettes de carbonate de calcium – coraux, mollusques, plancton. La référence scientifique pour évaluer ce seuil est la concentration en aragonite, minéral essentiel à ces espèces. Or, cette concentration est désormais passée sous les 80 % du niveau préindustriel, marquant la limite critique. La dégradation de ces organismes risque d’affecter l’ensemble de la chaîne alimentaire marine.

Un enjeu mondial et politique

La présentation de ce rapport à l’ONU à New York a donné lieu à de vives réactions. Johan Rockström, directeur du PIK, a accusé les États-Unis de refuser de reconnaître l’urgence climatique : « Donald Trump n’a aucun scientifique crédible de son côté », a-t-il affirmé.

L’ancien président colombien Juan Manuel Santos a insisté : « Nous avons besoin que les gouvernements écoutent la science. » Mary Robinson, ex-présidente de l’Irlande, a ajouté : « Chaque budget national et chaque accord commercial devrait commencer par une question : cela nous maintient-il dans les limites planétaires ? »

Un appel à l’action urgente

La franchissement de cette nouvelle limite rappelle que la planète se rapproche dangereusement d’un seuil d’irréversibilité. L’océan, régulateur du climat et poumon bleu de la Terre, est en train de perdre sa capacité à protéger la vie. Les chercheurs préviennent : sans réduction massive des émissions de CO₂, l’équilibre des écosystèmes marins – et par extension celui de l’humanité – est menacé.

(Source france24.fr)

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