
Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi à la cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado pour ses efforts « en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie ». « Maria Corina Machado est l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces derniers temps », a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Jorgen Watne Frydnes, à Oslo.
Maria Corina Machado « a été une figure clé de l’unité au sein d’une opposition politique autrefois profondément divisée, une opposition qui a trouvé un terrain d’entente dans la revendication d’élections libres et d’un gouvernement représentatif », a-t-il ajouté. Elle a réussi cette unification au moment où « le Venezuela est passé d’un pays relativement démocratique et prospère à un État brutal et autoritaire en proie à une crise humanitaire et économique », a ajouté le président du comité Nobel.
María Corina Machado a déclaré être « sous le choc » en apprenant qu’elle avait reçu le prix Nobel de la Paix, selon une vidéo envoyée par son équipe de presse à l’AFP. « Je suis sous le choc ! », entend-on Machado dire à Edmundo Gonzalez Urrutia, qui l’a remplacée comme candidate lors des dernières élections présidentielles en raison de son inéligibilité politique. « C’est quoi ce truc ? Je n’arrive pas à y croire », insiste encore la dirigeante de 58 ans.
Figure de l’opposition
La notoriété de Maria Corina Machado a explosé lors des primaires de l’opposition en octobre 2023, recueillant plus de 90% des voix lors d’une démonstration de force avec 3 millions de votants. Elle est rapidement devenue une favorite des sondages pour être surnommée la « libertadora » (« libératrice »), en hommage au « libertador » Simon Bolivar.
L’Union européenne, les États-Unis et de nombreux autres pays estiment que Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, a usurpé la victoire et reconnaissent Edmundo Gonzalez Urrutia, derrière lequel Maria Corina Machado s’était rangée, comme vainqueur du scrutin. Aujourd’hui exilé en Espagne, Edmundo Gonzalez Urrutia a salué un prix « mérité ».
Au cours de l’année écoulée, « Mme Machado a été contrainte de vivre dans la clandestinité. Malgré les graves menaces qui pèsent sur sa vie, elle est restée dans son pays, un choix qui a inspiré des millions de personnes », a rappelé le comité. « Cette reconnaissance reflète les aspirations claires du peuple vénézuélien à des élections libres et équitables, au respect des droits civils et politiques et à l’État de droit », a déclaré devant la presse le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Thameen Al-Kheetan.
Le prix échappe donc au président américain Donald Trump, qui n’avait pas caché son désir de le remporter cette année. Depuis son retour à la Maison Blanche pour son second mandat en janvier, le dirigeant américain a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il « méritait » le Nobel pour son rôle dans la résolution de nombreux conflits – une affirmation largement exagérée, selon les observateurs.