C’est une légende de la chanson mauricienne qui vient de tirer sa révérence. Bahal Gowry, artiste engagé, compositeur de l’inoubliable « Donne to la main, prend mo la main », s’est éteint ce samedi à l’âge de 89 ans.
Celui qui a mis sa voix au service de l’unité nationale et de la paix intercommunautaire laisse derrière lui une œuvre profondément ancrée dans la mémoire collective du pays.

Né le 17 septembre 1935 à Vacoas, Bahal Gowry, ensemble avec son frère jumeau Soogreeve (connu comme Chandu), forme très tôt le duo Gowry Brothers. Ils deviennent des figures incontournables de la scène musicale locale, notamment dans les gamat — ces soirées de chants traditionnels bhojpuri, lors des mariages et célébrations communautaires.

Mais c’est en décembre 1967, dans un contexte explosif marqué par des tensions raciales, que Bahal Gowry entre dans l’histoire. Alors que l’indépendance du pays approche, il compose et interprète « Donne to la main », un véritable cri du cœur pour la réconciliation et la fraternité. Soutenue par le Premier ministre Sir Seewoosagur Ramgoolam, cette chanson deviendra l’hymne officieux de la paix, portée lors des grands meetings à travers le pays.

Plus de cinq décennies plus tard, « Donne to la main » sera reprise et réarrangée par toute une génération d’artistes à l’occasion des 50 ans de l’indépendance, preuve de la longévité de son message.

Mais Bahal Gowry ne s’est pas arrêté là. Son sens de l’engagement l’a aussi amené à prêter sa voix au terrain politique. Il signe le titre électoral « KassKass Nicolas » pour l’Alliance du Changement, un morceau rythmé, satirique et percutant, devenu un tube de campagne inévitable et mémorable. Avec humour et énergie, il participe à donner une couleur populaire à l’action politique.

Reconnu de son vivant, il a reçu le Badge of Honour à deux reprises, sous les gouvernements de Sir SSR et Sir Anerood Jugnauth.