
Les négociations de l’ONU sur un traité mondial visant à réduire la pollution plastique sont fortement perturbées par l’influence de l’industrie du plastique et des pays producteurs de pétrole. Lors des discussions à Ottawa, la scientifique suédoise Bethanie Carney Almroth a été harcelée par des représentants d’une grande entreprise chimique américaine, illustrant un climat tendu et hostile.
Plusieurs experts dénoncent une “infiltration totale” des négociations par des lobbys industriels qui tentent de bloquer l’adoption de mesures contraignantes, notamment une limitation de la production mondiale de plastique. Alors que plus de 100 pays soutiennent cette proposition, des États pétroliers comme l’Arabie Saoudite, soutenus par des géants du plastique, s’y opposent fermement.
Les chiffres sont alarmants : 450 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année, un chiffre appelé à tripler d’ici 2060. Une grande partie de ces plastiques est issue des énergies fossiles, aggravant la crise climatique et polluant les écosystèmes jusque dans les océans, le lait maternel et le cerveau humain.
Pressions, intimidation et opacité
Des scientifiques et ONG dénoncent un processus biaisé, où les lobbies industriels sont surreprésentés. À la dernière session de négociation en Corée du Sud, 220 lobbyistes étaient présents, bien plus que les délégués de la plupart des pays. Certains ont même été intégrés dans les délégations nationales, leur donnant un accès privilégié.
Les chercheurs du Scientists’ Coalition for an Effective Plastics Treaty (SCEPT) ont signalé des difficultés d’accès aux réunions clés et un manque de considération de leurs recommandations, ce qui nuit à l’intégrité scientifique des négociations.
Rôle controversé de l’ONU et de son leadership
Inger Andersen, directrice du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a été critiquée pour son manque d’ambition et sa proximité avec certains États comme l’Arabie Saoudite, qui finance largement le PNUE. Des ONG l’accusent de ne pas défendre une approche ferme contre la surproduction de plastique.
Vers un traité affaibli ?
Malgré un appel de 95 pays à un traité ambitieux, les perspectives restent incertaines. Les négociations reprendront en août à Genève. En attendant, les scientifiques, souvent victimes de pressions, continuent de plaider pour des décisions basées sur des données scientifiques solides. “Nous devons agir pour protéger notre santé et notre environnement”, affirme Carney Almroth.
Source – theguardian.com